Le Qi Gong saisonnier

Les saisons

Les cinq éléments peuvent se combiner à l’expression énergétique du yin et du yang pour caractériser les saisons. Ainsi, le Bois, naissance du yang, début d’extériorisation, exprime l’énergie du printemps. Le Feu, acmé du yang, extériorisation maximum, l’été. Le Métal, naissance du yin, début d’intériorisation, l’automne. L’Eau, acmé du yin, intériorisation maximum, l’hiver. La Terre, neutre, prend place à la fin de chaque saison, pour permettre le passage en douceur d’une saison à l’autre. Dans certains textes traditionnels, la Terre correspond surtout à la période qui se situe entre l’été et l’automne, « l’été indien ».

Les saisons représentent la combinaison des énergies du Ciel et de la Terre et il convient à l’homme d’accorder ses propres souffles à l’environnement atmosphérique et aux mouvements énergétiques de la nature. Si le corps se porte bien, l’esprit lui aussi sera équilibré. « Assaisonner les Esprits, c’est faire que les souffles des saisons qui se dégagent de la Terre sous l’action du Ciel, quand ils sont en conjonction (…) éclosent en nous comme dans le reste de la végétation. Il nous appartient de seconder cette opération naturelle de vouloir(-vivre), ce vivre qui se fait en nous, sous forme de rencontre Ciel/terre. Au plus intime, c’est par les Esprits qu’il nous faut vivre » (Claude Larre, E. Rochat de la Vallée, Su Wen, Institut Ricci, chap. 2, « Assaisonnez les Esprits » 1).

Les causes de la maladie

Il existe une forme de résonance entre le milieu naturel et l’homme, entre le microcosme qu’est l’être humain et le macrocosme. De ce fait, notre équilibre procède de la synchronicité active entre les mouvements énergétiques présents dans le corps et les rythmes et cycles naturels, circadiens, saisonniers, naturels.

Pour les Chinois, la maladie est une rupture d’équilibre énergétique, une dysharmonie créée par diverses causes, qualifiées d’externes ou internes. Les causes externes sont les climats : le vent, la chaleur, l’humidité, la sécheresse ou le froid qui, se manifestant de façon extrême ou marquant un organisme affaibli, vont devenir pervers.

Ces facteurs climatiques peuvent se combiner entre eux pour devenir vent-chaleur, humidité-chaleur, froid-humidité, etc. Nous percevons ces influences en tant qu’atmosphère naturelle d’une saison, climat typique d’une région ou d’un pays. Ou encore par le biais d’artifices, comme la climatisation (froid), le chauffage central trop fort (chaleur-sécheresse). Sans oublier certaines conditions de travail : l’humidité dans laquelle évolue un poissonnier ou un potier, le vent-humidité pour un marin, la chaleur pour un métallurgiste. Dans les pays tropicaux ou le Grand Nord, là où les variations climatiques sont moindres, l’alimentation, l’habillement et les rythmes de vie particuliers jouent un grand rôle dans le maintien de l’équilibre interne. Dans ces pays, la nature pourvoit aux besoins nutritionnels de manière spécifique afin de tempérer l’excès de chaleur ou de froid constant.

En dehors de l’expression perverse de ces climats externes, la cause interne majeure de la maladie est la mauvaise gestion des sept sentiments. Le corps et l’esprit, nous l’avons vu, sont inséparables ; aussi, toute expérience prolongée d’une émotion affectera l’organe auquel elle correspond.

Adaptation à la saison

Comme il fut dit précédemment, une médecine traditionnelle est une médecine qui respecte les rythmes et les cycles qui influencent l’être humain. Les fluctuations énergétiques des saisons demandent à l’être humain, ainsi qu’à tous les vivants de la planète, de s’adapter pour survivre. Cette adaptation est bénéfique car elle « nourrit » en superficie et en profondeur les structures constitutives. L’été, l’être humain se charge de l’énergie chaleur pour toute la période annuelle, tout comme en hiver, il est essentiel de se remplir du froid indispensable aux processus vitaux.

Un organisme équilibré est un organisme quoi s’adapte correctement à chacune des évolutions climatiques saisonnières, de façon régulière et silencieuse. Bien se porter tout au cours des cinq saisons Chinoises, c’est posséder un capital énergétique régulièrement réparti entre les cinq fonctions principales de l’être humain (théorie des cinq éléments).

À l’inverse, l’organe ou l’entraille n’ayant pas thésaurisé l’Énergie indispensable au bon fonctionnement de l’ensemble se retrouve fort dépourvu lorsque la saison correspondante approche.